Ce que dit la Bible au sujet de la semence et de la lumière


La lumière est semée pour le juste, Et la joie pour ceux dont le coeur est droit. Psaume 97:11

La véritable lumière: En elle (laParole ou Jésus) était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue. Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. Elle est venue chez les siens, et les siens ne l'ont point reçue. Jean 1: 4 - 11
La bonne semence et l´ivraie: Le royaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé une bonne semence dans son champ. Mais pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint, qui sema de l'ivraie parmi le blé, et s'en alla. Matthieu 13:24-25

Thursday, November 26, 2015

Amel Brahim-Djelloul chante trois super chefs d’œuvres du folk Kabyle à Zurich (Suisse).


Orchestre de l'Opéra de Paris, Levon Minassian, Jean Marie Lavallée - Morocco Solar Festival 2014


Autopsie d´un monstre

Réaffiché de: http://www.les-crises.fr/france-inter-daesh-autopsie-dun-monstre/
Mathieu Aron, Benoit Collombat et Jacques Monin, l’Honneur du journalisme français, chapeau bas !
Merci à tous ceux qui ont aidé à préparer ce billet INDISPENSABLE…
Source : France Inter, Matthieu Aron, 20/11/2015
 
 
 http://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2015/11/secret-d-info.jpg
 
 
Matthieu Aron : Ce soir, enquête sur la fabrication du monstre Daesh, quelle a été l’implication de pays comme l’Arabie Saoudite et le Qatar ? Nous allons voir dans une enquête signée Jacques Monin et Benoît Collombat que l’enjeu pétrolier a pu jouer un rôle considérable.
extrait Hocham Daoud : “Tout le monde a joué avec Daesh. Tout le monde voulait jouer à travers Daesh pour s’imposer. En fait, on a créé Frankestein, aujourd’hui tout le monde essaye de trouver un moyen pour l’arrêter. Oui, il y a des moyens, s’il y a une volonté politique.”
Matthieu Aron : Pour commencer cette émission, je vous propose d’écouter cet extrait d’interview :
extrait Marc Trévidic : Si l’Émir du Katiba en Syrie de l’EI demande à main levée a ses recrues “Qui veut aller faire un attentat en France ?” vous allez avoir 200 bras qui vont se lever en une demi-seconde.
Matthieu Aron : 200 candidats au martyre. C’est le chiffre effrayant donné par le juge Marc Trévidic. Vous suivez l’enquête sur les attentats. Et ce qui nous a tous frappés, c’est ces opérations kamikazes qui se sont déroulées pour la première fois en France.
Élodie Guéguen : Oui, encore qu’il soit plus juste de parler d’attentats suicides. Pour être très précis, le terme Kamikaze désignait ces pilotes japonais qui s’écrasaient volontairement sur des cibles militaires. Là, il s’agit d’autre chose. D’ailleurs Daesh a conceptualisé ce type d’attaques dès le début de la guerre en Syrie. Daesh a même créé un terme spécifique (inghimassi), il désigne des combattants qui, les armes à la main, se rapprochent de la foule ou de leur cible et qui déclenchent leur ceinture explosive. Soit quand ils sont encerclés soit lorsqu’ils n’ont plus de munitions. C’est donc précisément le scénario de vendredi dernier.
Matthieu Aron : Et le juge Marc Trévidic, qui dans son cabinet d’instruction, a entendu des dizaines de terroristes, nous dit “il y a pléthore de candidats” et il n’est pas le seul à le dire…
Elodie Guéguen : Non, il s’agit malheureusement d’une réalité, ça semble presque inconcevable mais selon les experts, les candidats au martyre seraient même trop nombreux, c’est ce qu’a observé le chercheur Romain Caillet. L’un des meilleurs spécialistes des milieux djihadistes.
extrait Romain Caillet : “C’est pas seulement de la propagande, c’est une réalité. Il y a même des listes d’attente. En tout cas, en Syrie et en Irak, il y a des listes d’attente de gens qui sont prêts à faire des opérations martyre, des attentats suicides, aussi bien des jeunes qui viennent de quartiers sensibles en France ou des gens de bonne famille, des ressortissants du Golfe qui sont fortunés ou des Tunisiens issus de régions déshéritées du sud de la Tunisie”.
Élodie Guéguen : Les origines, les profils, sont variés, vous l’avez entendu. Mais ces kamikazes de l’EI ont un point commun, ils sont volontaires. Ce choix, ils le manifestent dès leur arrivée dans les camps d’entrainement. Deux filières existent et Daesh demande aux combattants de choisir leur filière, explique le journaliste David Thomson, auteur du livre “Les Français Djihadistes”.
extrait David Thomson : “Dès qu’on arrive en Syrie, on pose la question aux combattants au sein de l’EI : Est-ce que vous voulez être un combattant “normal” ou un combattant “inghimassi”, ça veut dire combattant, candidat, pour une opération kamikaze. Et ensuite ils suivent une sélection particulière parce que l’EI ne peut pas se permettre de voir au dernier moment un kamikaze flancher, c’est une question de crédibilité aussi pour eux.”
Matthieu Aron : Ils suivent une formation particulière, dit David Thomson, ça signifie quoi ?
Élodie Guéguen : Eh bien ça veut dire qu’ils vont être isolés du reste du groupe, ils vont être placés dans un camp d’entrainement spécifique. Comme les autres, ils recevront une formation religieuse, théologique, ils suivront aussi un entraînement militaire, mais ils seront mieux encadrés psychologiquement, mieux encadrés ou plus endoctrinés.
Matthieu Aron : Est-ce qu’on sait en quoi consistent précisément ces techniques, parce qu’il faut les appeler comme ça, de lavage de cerveau ?
Élodie Guéguen : Alors ça dans les détails, malheureusement on l’ignore. Il n’existe pas à notre connaissance de témoignages de djihadistes de Daesh qui seraient passés par ces camps de kamikazes, qui auraient ensuite renoncé à commettre une attaque suicide, puis qui auraient raconté leur expérience. À l’image de ce qu’ont fait certains repentis, comme on les appelle.
Matthieu Aron : Alors ce que l’on sait en revanche, c’est que ces candidats aux attaques suicides sont très très bien traités par les cadres de l’EI.
Élodie Guéguen : Oui, c’est d’ailleurs une des raisons qui motivent certains djihadistes à se porter candidat pour commettre une action kamikaze, selon le chercheur Roman Caillet.
extrait Roman Caillet : “Ils sont traités avec beaucoup plus d’égards que les autres combattants, ce qui fait que peut-être psychologiquement ils ont une dette envers ceux qui les ont accueillis dans ces centres. Et puis une certaine culpabilité, ils pensent ne pas avoir fait assez donc ils veulent se rattraper en faisant une grosse opération. On peut aussi penser, que certains veulent passer à la postérité. Être finalement, celui qui a permis de remporter la bataille, de prendre telle ou telle ville.”
Matthieu Aron : Vouloir passer à la postérité en se suicidant, pourtant le suicide, à ma connaissance, il est interdit par l’Islam.
Elodie Guéguen : Eh bien pas dans l’esprit de ceux qui commettent ces actes au nom de Daesh. C’est ce que nous explique Fethi Benslama, il est professeur de psychopathologie à l’université Paris Diderot.
extrait Fethi Benslama : “Pour eux ce n’est pas un suicide, c’est un auto-sacrifice. Comme le dit le communiqué qui revendique les attentats. Il utilise le mot “divorcé du monde d’ici-bas”. Divorcé du monde d’ici-bas pour se marier avec l’autre monde. Dans l’autre monde, ils vivent, ils jouissent, et même ils sont une jouissance absolue, extrême, ce qui est le processus interne par lequel quelqu’un accepte d’aller jusqu’au bout de cet acte-là.”
Matthieu Aron : En conclusion, que sait-on ce soir sur ceux qui sont morts en martyrs vendredi à Paris et ensuite à Saint Denis ?
Elodie Guéguen : Alors tous ou presque, on le sait, sont passés par des camps d’entrainement en Syrie. Maintenant il y a deux hypothèses. Soit c’est un groupe de terroristes dont les membres se connaissaient, qui se sont formés et entraînés ensemble pour mener cette attaque. Soit, et c’est une hypothèse privilégiée, soit ils ont été soigneusement sélectionnés, “castés” les uns après les autres par Daesh, ce qui montrerait un degré de préparation encore plus sophistiqué.
extrait François Hollande : “Notre ennemi en Syrie, c’est Daesh. Il ne s’agit donc pas de contenir, mais de détruire cette organisation. La Syrie est devenue la plus grande fabrique de terroristes que le monde ait connu et la communauté internationale est divisée et incohérente.”
Matthieu Aron : Face au terrorisme, une communauté divisée et incohérente, dit François Hollande. Eh bien nous allons revenir ce soir sur la fabrication du monstre Daesh. A-t-on fermé les yeux sur la montée en puissance de ce groupe terroriste ? Quelle est l’implication de l’Arabie Saoudite et du Qatar et quel rôle a joué la diplomatie française ? Avec Benoit Collombat, vous avez donc enquêté et pour bien comprendre il faut revenir au début de l’histoire. Tout part de la guerre en Irak.
Jacques Monin : Oui, de la chute de Saddam Hussein parce que lorsqu’ils le renversent, les Américains commettent deux erreurs. D’abord, ils mentent sur les armes de destruction massive et sur les liens supposés entre Saddam Hussein et al-Qaïda. Mais surtout ils marginalisent les Sunnites pour mettre les Chiites au pouvoir et Paul Bremer, qui est alors le gouverneur américain à Bagdad, commet une faute qui va jeter des dizaines de milliers de soldats aguerris dans les bras du futur EI. Cette faute, un des hommes les mieux informés de France, Alain Juillet, l’ex-patron du renseignement de la DGSE, nous la raconte.
extrait Alain Juillet : “Bremer a fait une erreur colossale. C’est qu’il donne l’ordre de licencier tous les militaires de l’armée irakienne. On envoie, je ne sais plus combien ils étaient, 200 000 ou 300 000 gens, qui vivaient avec une solde de l’armée. Ils partent avec leurs armes, ils n’ont plus rien. Et comme ils sont Sunnites et qu’on fait la chasse aux Sunnites, il va y avoir impossibilité pour eux de retrouver des emplois et autres. Donc ça va créer un ressentiment, une frustration, une haine terrible envers l’occupant et envers les Occidentaux.”
Matthieu Aron : Les Américains produisent donc un terrain de haine et un terreau sur lequel va se développer l’EI.
Jacques Monin : Oui. D’autant plus facilement qu’il n’y a plus de véritable État, les services publics n’existent plus, l’économie est moribonde, la corruption est devenue la norme. C’est donc effectivement sur ces cendres que le groupe EI va prendre racine et pour Myriam Benraad, qui est docteur en science politique et spécialiste de l’Irak, c’est un peu comme dans la jungle, ce sont les plus forts qui émergent dans ce chaos.
extrait Myriam Benraad : “Il y aura un certain nombre de groupes qui vont pulluler, les milices, les djihadistes, la tendance al-Qaïda, c’est une nébuleuse d’acteurs mais le fait est que les combattants d’al-Qaïda Irak qui deviendra l’EI sont les plus zélés, les plus déterminés. Donc l’État Islamique va faire le vide, va coopter un certain nombre de chefs de tribus, qui de fait parfois même quittent leur tribu pour rejoindre l’organisation. Donc d’une mouvance hétéroclite on a un processus d’unification et ils ont fait à mon avis fortune, bâti beaucoup de leur succès, sur cette unité qu’ils ont su construire dans un terrain qui était par ailleurs très divisé, très morcelé.”
Jacques Monin : Et sur ce terrain, une personnalité va émerger, c’est Abou Bakr al-Baghdadi qui règne toujours d’ailleurs aujourd’hui en maitre sur Daesh. L’autre groupe djihadiste dominant dans la région, c’est al-Nosra, qui est plus proche d’al-Qaïda.
Matthieu Aron : Et ces groupes qui montent en puissance, on les voit dans un premier temps plutôt d’un bon oeil chez les voisins de la Syrie et notamment en Arabie Saoudite.
Jacques Monin : Oui, parce que l’Arabie Saoudite est sunnite, elle a donc très mal vécu l’arrivée au pouvoir des chiites en Irak et l’avènement des groupes djihadistes, c’est un peu à ses yeux une manière de freiner un axe chiite (Liban Syrie, Irak, Iran) qui commence à prendre un peu trop d’espace à son goût. C’est ce qu’analyse Alain Chouet, un autre ex-patron du renseignement de la DGSE.
extrait Alain Chouet : “L’Arabie Saoudite essaye de s’opposer à la création de ce que l’on appelle le croissant chiite au Moyen-Orient et de maintenir un axe sunnite à travers l’Arabie, la Jordanie et la Turquie. Ces mouvements salafistes, sunnites, sont le seul moyen actuellement pour l’Arabie de s’opposer à la création d’un vaste ensemble chiite qui lui serait évidemment hostile.
Il y a aussi l’enjeu pour l’Arabie Saoudite de s’opposer à toutes possibilités de dérives démocratiques et nationalistes dans les pays arabes. L’État Islamique l’a dit x fois, la démocratie est une abomination.”
Matthieu Aron : Voilà donc pour le contexte géopolitique, mais ce qu’il faut préciser c’est que derrière cette toile de fond, il y a aussi des enjeux économiques absolument considérables.
Jacques Monin : C’est un aspect qui était assez peu évoqué jusqu’ici mais il y a effectivement en arrière-plan le pétrole et le gaz, parce que jusqu’ici l’Arabie Saoudite domine la production de pétrole et le Qatar celle du Gaz. Hors ces deux pays apprennent que l’Iran, leur plus farouche rival, projette de construire un pipeline qui traverserait l’Irak et la Syrie pour s’assurer un débouché vers la Méditerranée, alors ça redistribuait totalement les cartes du marché du pétrole et du gaz, et pour Alain Juillet c’est un des éléments qui vont pousser ces deux pays à déstabiliser Bachar el-Assad.



Pour en savoir plus continuer à lire:
http://www.les-crises.fr/france-inter-daesh-autopsie-dun-monstre


 
 

Saturday, November 21, 2015

Engrenage - Les jeunes face à l'islam radical (france 2)


'Lumière et espoir', un orchestre singulier pour les Egyptiennes non-voyantes


Réaffiché de TV5 Monde


Une violoniste de l'orchestre égyptien pour femmes aveugles Al Nour Wal Amal au Caire
Une violoniste de l'orchestre égyptien pour femmes aveugles Al Nour Wal Amal au Caire
AP Photo/Amr Nabil

« Al Nour wal Amal », orchestre symphonique de musiciennes égyptiennes non-voyantes, est unique au monde. Créé au sein de l’association du même nom, il a permis à plusieurs générations de femmes aveugles de s’épanouir à travers la musique. Le 5 novembre 2015, l’orchestre se produisait à Paris salle Gaveau, pour présenter « Les Jours et les Nuits de l’arbre coeur », opéra en arabe. Reportage et rencontres


dans
Toutes habillées de noir, un voile doré cachant leurs cheveux et portant un grand collier de perles, elles montent fièrement sur la scène en se tenant la main. Leur instrument de musique les attend, telles des musiciennes professionnelles. Mais ce soir, c’est pourtant sans partition et sans les indications du chef d’orchestre qu’elles joueront pendant plus d’une heure. Ces talentueuses artistes viennent d’un orchestre singulier, celui de l’association, « Al Nour wal Amal » (Lumière et Espoir) en Egypte.
 

Les musiciennes de Al Nour wal Amal en répétition à la salle Gaveau de Paris
Les musiciennes de Al Nour wal Amal en répétition à la salle Gaveau de Paris
Elise Saint-Jullian

Fondé en 1954, après l'avènement de Gamal Abdel Nasser à la tête de l'Egypte et la fin de la monarchie, il  est le premier centre au Moyen-Orient pour l’éducation, la formation professionnelle des filles aveugles et leur intégration dans la société. Situé au Caire, il offre une éducation gratuite dès le primaire et l’apprentissage de métiers manuels comme le tissage et le tricot pour les femmes plus âgées. L’association dispense également des cours de musique aux jeunes filles repérées pour leurs aptitudes.

« En 1961, l’association a lancé son propre institut de musique. L’orchestre a mis du temps à démarrer mais aujourd’hui c’est la partie la plus célèbre de l’association. Les jeunes femmes se sont produites dans plus de vingt pays différents (Allemagne, Autriche, Jordanie, Japon, Koweit…) », raconte avec fierté Mona Zaky, membre du conseil d’administration.

Issues de milieux défavorisés

Venue à Paris avec la quarantaine de femmes composant l’orchestre, elle les voit chaque  jour gagner en confiance et en autonomie, grâce à la pratique de leur instrument : cor, violon, flûte, violoncelle ou encore alto.

« Elles viennent souvent de milieux très défavorisées mais la musique a transformé leur vie », assure-t-elle. Comme celle de Sherifa, 54 ans, entrée à l’école primaire dans l’association et à 18 ans dans l’orchestre, pour y jouer du violon. « Grâce à Al Nour wal Amal, j’ai pu faire des études et apprendre à jouer d’un instrument. La musique pour moi, c’est une langue qui me permet d’exprimer mes sentiments. J’ai été professeure de musique pour les plus jeunes et je m’occupe maintenant de la bibliothèque. Cet endroit c’est toute ma vie », résume une des pionnières de l’orchestre.  

Flûtistes en de Al Nour wal Amal, lors du concert du 5 novembre 2015, salle Gaveau à Paris
Flûtistes de Al Nour wal Amal, lors du concert du 5 novembre 2015, salle Gaveau à Paris
Elise Saint-Jullian

La musique me rend plus sensible au monde qui m’entoure

Fatma, 16 ans
Celui-ci, composé de trois générations, accueille toujours de nouvelles jeunes filles. Fatma, 16 ans, a rejoint la troupe il y a quatre ans. Alors qu’elle discute et ri avec une camarade dans le bus qui les mène à la salle Gaveau, c’est pourtant avec beaucoup de sérieux qu’elle parle de la musique, devenue une vraie passion. « Pour moi, jouer de la musique est vraiment un privilège. La musique me donne plus de sensibilité envers le monde et envers tout ce qui m’entoure », soutient-elle.

L’apprentissage des notes en braille, les répétitions, les déplacements à l’étranger et autres enseignements reçus dans l’association, ont permis à ces Egyptiennes de développer leur potentiel et de devenir moins dépendantes de leurs familles. Mais le manque d’accompagnement et d’aménagements liés à leur handicap pèse encore sur leur quotidien. « Nous essayons de leur trouver des possibilités de travail à l’extérieur de l’association, mais les rues, le métro, ne sont toujours pas adaptés pour elles. Les mal-voyants n’ont pas de canne ni de chien. Il y a une évolution, mais beaucoup plus lente qu’on le souhaite », regrette Mona Zaky.
 

Les musiciennes de Al Nour wal Amal devant la salle Gaveau où elles se produisaient pour la première fois...
Les musiciennes de Al Nour wal Amal devant la salle Gaveau où elles se produisaient pour la première fois...
Elise Saint-Jullian

Al Nour wal Amal accueille près de 300 Egyptiennes non voyantes

Des obstacles qui ne découragent pourtant pas les jeunes femmes, nombreuses à aller à l’université, se marier et avoir des enfants. L’association s’est quant à elle agrandie avec un nouveau centre d’accueil et d’hébergement, afin que les filles de plus de 21 ans habitant des zones rurales, puissent venir étudier et vivre au Caire. Un centre culturel met aussi à leur disposition une bibliothèque et des ordinateurs. Désormais, plus de 300 femmes ont rejoint Al Nour wal Amal, dont 70 élèves à l’institut de musique.
J’ai eu envie de travailler avec Al Nour wal Amal car elles étaient les interprètes idéales d’une oeuvre qui parlait du coeur
 

Tarik Benourka, compositeur
« Les jours et les nuits de l’arbre coeur », sont leur tout nouveau spectacle, composé de chant lyrique et de danse. Créé par le compositeur franco-algérien Tarik Benourka, il raconte l’histoire de Nour et Amal. Ces deux astres échappés d’un monde oublié, décident de s’incarner grâce au fruit de l’arbre coeur, et de goûter pour quelques jours et quelques nuits, les sentiments de la vie. Une oeuvre humaniste et sensible, qui pour le compositeur, s’adressait particulièrement à cet orchestre : « J’ai eu envie de travailler avec les filles de Al Nour wal Amal car elles étaient à mon sens, les interprètes idéales d’une oeuvre qui parlait du coeur ». Après une première à l’opéra du Caire le 30 septembre dernier, les musiciennes continueront leur tournée dès le 13 janvier prochain à Abu Dhabi et le 16 janvier à Dubai.
 

Violonistes de Al Nour wal Amal, le soir du 5 novembre 2015, à Paris
Violonistes de Al Nour wal Amal, le soir du 5 novembre 2015, à Paris
Elise Saint-Jullian


Rejoindre cette association m’a fait grandir
Shaïma 31 ans, violoniste

Rencontre avec Shaïma 31 ans, violoniste au sein de l’orchestre.

A quel âge êtes-vous entrée dans l’association ?
Shaïma, 31 ans, violoniste
Shaïma, 31 ans, violoniste
Elise Saint-Jullian
Je suis arrivée dans l’association à 7 ans. Je suis allée à l’école et j’ai ensuite rejoint l’institut de musique quand j’avais 8 ans. La première année nous devons apprendre les bases de la musique et les notes en braille. A 9 ans, j’ai commencé à jouer du violon avec un professeur du conservatoire égyptien.
Appartenir à cet orchestre, est-ce une fierté pour vous ?

Oui, car cet orchestre est le seul au monde dont les membres sont des femmes arabes et aveugles. Jouer de la musique classique est une façon de prouver que les femmes non-voyantes sont capables de beaucoup de choses, et notamment de jouer sans partition et sans l’aide du chef d’orchestre sur scène. Nous avons appris par coeur les morceaux. Nous voulons continuer à montrer que nous sommes handicapées mais que nous pouvons travailler dur et atteindre les buts que nous nous sommes fixés. Nous nous entraînons deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche. Pour des concerts comme celui-ci, nous avons des répétitions chaque jour.

Cette association et cet orchestre ont-ils changé votre vie?

Rejoindre cette association a été une grande chance pour moi. Elle a m’a fait grandir et ma personnalité a évolué. Grâce aux voyages dans différents pays, aux rencontres, je suis devenue beaucoup plus indépendante et sociable. Je pense aussi que si je n’avais pas rejoint cette association je n’aurais pas eu l’opportunité de jouer de la musique de façon professionnelle comme je le fais aujourd’hui.

Que représente pour vous la musique et que vous apporte-t-elle ?

J’ai toujours écouté de la musique depuis que je suis petite. J’aime les chansons arabes mais je peux m’exprimer davantage grâce à la musique classique. On peut imiter tous les sentiments humains. Avec mon violon je peux exprimer la joie, la tristesse. Parfois je m’imagine être un oiseau qui vole dans le ciel, c’est tout un monde qui se crée entre mes mains quand je joue. A la fin des concerts, les gens applaudissent et je sens alors toute cette chaleur humaine. C’est cela qui me fait vivre, exister.

Avez-vous le soutien de votre famille ?

Mon frère, ma soeur, ma mère, sont vraiment fiers de moi. Je suis très reconnaissante envers ma mère car elle a toujours fait face aux remarques des gens. Certains lui disaient: « Votre fille est aveugle, elle n’a pas d’avenir ». Mais elle, elle répondait: « Non, je suis sûre que ma fille va grandir et que grâce à Dieu, elle pourra réaliser ses rêves ». Ma mère n’a pas reçu d’éducation, mais elle m’a encouragé à faire des études. J’ai étudié l’anglais et la littérature et obtenu ma licence. Aujourd’hui je suis professeure d’anglais à l’association, je fais partie de cet orchestre et j’ai été assistante d’un professeur de violon. Je suis vraiment épanouie.

L'une des musiciennes de Al Nour wal Amal et son cor, à Paris
L'une des musiciennes de Al Nour wal Amal et son cor, à Paris
Elise Saint-Jullian

Y a t-il une bonne ambiance entre filles au sein de l’orchestre ?

C’est comme une famille pour moi. Nous nous entendons toutes très bien et nous ne sommes pas en compétition. Je pense que c’est la clé de notre succès. Nous donnons aussi toujours le meilleur de nous-mêmes afin de satisfaire le public.

Que pensez-vous de votre performance à Paris ?

Ce soir c’était la première fois que nous jouions une opérette. Cela demandait beaucoup de concentration car il fallait s’accorder avec les chanteurs, le narrateur et le choeur. Mais c’était un bon défi.

C’est la quatrième fois que nous nous produisons à Paris, mais la première fois que nous jouons un opéra entièrement en arabe. C’était vraiment un grand honneur.

Voilà deux ans, Thierry Petit de l’Orchestre National de Montpellier avait embarqué sa contrebasse voyageuse, une nouvelle fois, pour le Caire. Il y avait joué avec les musiciennes de Al Nour wal Amal...

 

  Les musiciennes aveugles de l’Orchestre Al-Nour Wal du Caire - Egypte from LAND DOC PRODUCTION on Vim

La vraie nature de Daech

Réaffiché de  www.slate.fr    «Djihad John». REUTERS/SITE Intel Group/Handout via Reuters
«Djihad John». REUTERS/SITE Intel Group/Handout via Reuters
L’Etat islamique et ses adeptes ne sont pas une bande de psychopathes en mal d’exaltation. C'est un groupe religieux et militaire organisé, disposant de dirigeants compétents avec une stratégie cohérente au service de la guerre sainte.

«Nous ne gagnerons pas contre l’idéologie de Médine [de lIslam radical] en arrêtant le kamikaze juste avant qu’il se fasse sauter. Où qu'il soit, un autre ou une autre prendra rapidement sa place. Nous ne gagnerons pas en rayant de la carte l’Etat islamique ou al-Qaida ou Boko Haram: un nouveau groupe radical apparaitra ailleurs. Nous ne gagnerons que si nous sommes capables de combattre l’idéologie de l’Islam radical, de contrer son message de mort, d’intolérance et de promesse dans l’au-delà avec notre propre message de vie, de liberté et de poursuite du bonheur ici et maintenant». C’est ce qu’écrit pour Foreign Policy Ayaan Hirsi Ali, femme politique et écrivain néerlandaise d’origine somalienne menacée de mort par les islamistes.

La méconnaissance des ressorts de l’Islamisme radical, la sous-estimation de la force du message de Daech et de sa capacité de séduction expliquent notre difficulté à appréhender la menace et la sidération devant l’intensité de la haine et de la détestation dont nous faisons l’objet. «Nous allons conquérir votre Rome, briser vos croix et faire de vos femmes nos esclaves», promettait Abou Muhammad al-Adni, le porte-parole de l’Etat islamique. «Et si nous n’y parvenons pas cette fois, alors nos enfants et nos petits enfants y arriveront et ils vendront vos fils au marché aux esclaves…», ajoutait-il.

Pas une bande de psychopathes

L’Etat islamique et ses adeptes ne sont pas une bande de psychopathes et de «paumés» en mal d’exaltation. On en trouve dans leurs rangs, mais c’est aussi et surtout un groupe religieux et militaire organisé, disposant de dirigeants compétents avec une stratégie cohérente au service de la guerre sainte (djihad). Cette doctrine religieuse minoritaire au sein de l’Islam n’en est pas moins considérée comme légitime par une grande partie de la communauté des croyants sunnites (Oumma). Et là se trouve une partie de la force de l’Etat islamique. 
La grande majorité des sunnites n’approuve pas les pratiques de Daech, mais pour autant elle ne rejette pas la partie du Coran, celle de Médine, celle prônant la soumission par les armes des infidèles, dont l’Etat islamique revendique la filiation.
La stratégie de Daech est explicite. Scott Atran, anthropologue français et américain, spécialiste du terrorisme, de la violence et de la religion, explique dans le Daily Beast qu’elle est détaillée dans un texte publié sur le magazine en ligne de l’Etat islamique, Dabiq, au début de l’année. 
Cet article de dix pages intitulé «La zone grise» décrit l’incertitude dans laquelle se trouvent aujourd’hui la plupart des musulmans selon Daech «entre le bien et le mal, le califat et les infidèles… «Le monde est divisé» et le «moment est venu pour un nouvel événement… d’accroître la division et de détruire la zone grise». 
C’est exactement l’objectif des attaques du 13 novembres 2015 à Paris et à Saint-Denis. Elles contribuent à faire disparaître la zone grise en augmentant l’antagonisme entre les communautés et elle montre aux jeunes islamistes qu’avec des moyens finalement assez limités, des kalachnikovs et des ceintures d’explosifs, ils peuvent semer le chaos et le faire savoir au monde entier.

Guerre de religion et califat

Contrairement au discours officiel tenu à Paris comme à Washington, l’Etat islamique est vraiment islamique. Les musulmans qui expliquent que Daech n’a rien à voir avec l’Islam sont «vraiment mal-à-l'aise, politiquement corrects et ont une vision à l’eau de rose de leur propre religion qui passe sous silence ce qu’elle exige historiquement et légalement» explique Bernard Haykel de l’Université de Princeton, l’un des plus grands experts de l’Islam radical.

Daech est une armée qui mène, car telle est sa vocation, une guerre de religion
Daech est une armée qui mène, car telle est sa vocation, une guerre de religion. Des siècles ont passé depuis que les guerres de religion ont disparu en Europe. Cela explique notre incrédulité et notre déni persistant sur la nature de Daech… Il est difficile d’admettre que l’Etat Islamique est aussi dévot qu’il le prétend en respectant à la lettre le Coran et en imposant par la force ce qui constitue selon les mots du texte sacré une société «juste». Daech est tout entier tourné vers le retour au passé mythique du Califat, un fantasme qui agite le monde arabe depuis la disparition de ce dernier en 1924 avec le démantèlement de l'empire ottoman.

La résurrection d’une entité politique gouvernée par la loi et la tradition islamique est une aspiration puissante, même auprès des musulmans qui rejettent les islamistes. Le califat est le symbole d’une civilisation longtemps dominatrice qui a connu un des déclins les plus rapides de l’histoire humaine. Le souvenir de ce qu’était la puissance arabo-musulmane et le constat de ce qu’elle est aujourd’hui sont une source permanente de colère et d’humiliation.

Apocalyptique et nihiliste

Et la tentation politique de l'Islam est permanente. Le prophète Mohammed était tout à la fois un théologien, un prophète, un chef d’Etat, un chef de guerre, un prêcheur et un marchand. Même le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, adversaire acharné des islamistes, expliquait dans sa thèse écrite au collège de guerre américain, que «la démocratie ne peut pas se comprendre au Moyen-Orient sans comprendre le concept de l’Etat idéal du califat…».

Le califat, Daech le construit en purifiant le monde en tuant les mécréants et les apostats, la doctrine du Takfirisme. L’Etat islamique est transnational et porteur d’un idéal sans concession et sans compromis sur ce qu’est l’Islam «authentique», sur les relations entre le sacré et le profane, sur la primauté du religieux sur le politique. Une explication du tout, un totalitarisme au sens propre. Cette idéologie a pris depuis plusieurs années une autre force et une autre résonnance en associant le mal-être, le sentiment d’aliénation et le besoin d’idéal des nouvelles générations avec les formes modernes de communication et de mobilisation.

La dimension apocalyptique et nihiliste de Daech ajoute à la fascination qu’il exerce. L’Etat islamique considère qu’il ne peut tout simplement pas être vaincu. «Etre tué est une victoire. Vous combattez un peuple qui ne peut connaître la défaite. Il remporte la victoire ou il est tué», affirme Abou Muhammad al-Adni. Les combattants de Daech ne se sacrifient pas seulement par conviction religieuse: ils ont le culte de cette mort en martyr, car ils iront directement au paradis. Et ils y croient.

Sentiment d'appartenance

Il existe de nombreuses questions sur le rôle joué sciemment dans l’ascension de Daech par Bachar el-Assad et ses alliés chiites iraniens et du hezbollah libanais. Il y en a d’autres sur les liens de l’Etat islamique avec le parti Baath et l’ancienne armée irakienne, sur le fait qu’il soit vraiment un Etat ou pas, qu’il compte 30 000 ou 100 000 combattants et sur le soutien populaire dont il bénéficie parfois. Toutes ces questions sont légitimes et importantes, mais elles ne définissent pas la nature de Daech et encore moins ce qui fait sa force.

Cette dernière tient au fait qu’il apporte une réponse séduisante et facile au malaise identitaire et à l’humiliation ressentie dans le monde arabo-musulman face à la victoire culturelle écrasante de l’occident et des infidèles, face à une modernité et une mondialisation qui le marginalise toujours plus. Daech donne les moyens de reprendre le pouvoir et de se venger d’un monde de «mécréants hostiles». Cette réponse fait appel en même temps au ressentiment, à la foi, à la promesse de gloire et au sentiment d’appartenance, la solidarité de groupe, l’asabiyya. Le grand historien arabe Ibn Khaldun l’a identifié il y a 600 ans comme la clé de la cohésion des sociétés.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les adversaires de Daech n’ont pas cette cohésion ni même cette clarté dans leurs objectifs. Les ennemis déclarés de l’Etat islamique comprennent aujourd’hui la quasi-totalité des grandes puissances et officiellement tous les Etats du Moyen-Orient. Daech fait ainsi la guerre à la quasi-totalité du monde et pour le moment est loin de l’avoir perdue. Il doit bien avoir une raison autre que le simple rapport de force militaire.

Le Brésil frappé par la pire catastrophe écologique de son histoire

Réaffiché de  www.reporterre.net
20 novembre 2015 / Mathilde Dorcadie (Reporterre)



Il y a deux semaines, la rupture de deux barrages miniers a libéré des dizaines de millions de mètres cubes de boue polluée dans le Minas Gerais. Depuis, la coulée fraye inexorablement son chemin vers l’océan, provoquant un désastre sur les écosystèmes.

- Sao Paulo, correspondance

Près de deux semaines après l’accident survenu près de Mariana, dans l’État du Minas Gerais, le 5 novembre, le littoral brésilien est maintenant lui aussi touché par la pollution engendrée par la fuite de déchets issus de l’extraction minière.

La catastrophe a d’abord provoqué la mort de sept personnes et la disparition de quinze autres. Une localité a été rayée de la carte (Bento Rodrigues) en plus des villages inondés.
Et près de 60 millions de litres d’un mélange constitué de terre, de silice, de résidus de fer, d’aluminium et de manganèse (l’équivalent de 24 piscines olympiques, précise le journal Folha de S. Paulo) se sont déversés dans le Rio Doce (la douce rivière), le cinquième plus grand fleuve du Brésil. En quelques jours, des millions de poissons sont morts d’asphyxie et les habitants surnomment désormais ce fleuve le « Rio Morto » (la rivière morte).


Le mélange échappé du barrage n’est pas directement toxique pour l’être humain, disent les autorités, qui conseillent pourtant de jeter tous les objets et vêtements qui ont été en contact avec la boue. Les spécialistes, eux, expliquent que ce mélange pourrait agir comme une « éponge » qui piège les autres polluants. Quelques jours après le passage des eaux contaminées, des relevés ont ainsi montré un taux anormalement élevé de mercure à quelques kilomètres de la catastrophe. D’autres sources évoquent la présence de plomb, de cuivre et de divers métaux lourds.


Actuellement, ce sont plus de 500.000 personnes qui sont privées d’eau pour les approvisionnements domestiques et agricoles, le long des 850 km qui séparent Mariana et l’océan Atlantique. Des barrages et des usines de captation sont à l’arrêt à cause des déchets flottants et des tonnes de poissons morts. Par ailleurs, près de 600 personnes ont été déplacées à cause de la subite élévation des eaux. Par sa quantité et sa composition, cette vague de boue, qui progresse à la vitesse de 1,2 km/h, affecte toute une région pour au moins les cent prochaines années.

« Plusieurs siècles pour que la nature reconstitue un sol fertile »

Là où le « Fukushima brésilien », comme le désignent les internautes [1], a recouvert les terres, plus rien ne pourra repousser avant de longue années. « Ce type de résidu d’extraction est totalement infertile car il ne contient pas de matière organique », explique Mauricio Ehrlich, professeur de géo-ingénierie à l’Université de Rio de Janeiro (URFJ), « il faudra plusieurs siècles pour que la nature reconstitue un sol fertile ».
Plus graves encore que la création de cette zone de désert infertile, sont les conséquences fluviales et maritimes. Dans les premiers jours, les particules boueuses en suspension dans l’eau, en empêchant le passage des rayons du soleil, ainsi que la bonne oxygénation de l’eau, ont provoqué la mort d’une grande partie de la faune et de la flore. Les pêcheurs et les volontaires se sont démenés jour et nuit pour tenter de sauver poissons, crustacés et tortues sur le littoral avant l’arrivée de la vague. Et pourtant, même s’il est encore trop tôt pour le dire, les scientifiques craignent que certaines espèces endémiques de la région aient définitivement disparu, car la catastrophe a eu lieu en pleine période reproductive de nombreuses d’entre elles. Le pH (acidité) de l’eau se trouve également altéré, ce qui va continuer d’affecter durablement la reproduction animale et végétale. Selon plusieurs experts, dix ans au moins seront nécessaires avant que réapparaisse un semblant de vie aquatique.

Les preuves d’une négligence de maintenance

Enfin, le système hydrologique de la région est bouleversé par cet apport exceptionnel de sédiments en grande quantité, affectant le tracé et le volume des cours d’eau. La création de « poches de stagnation » et la perturbation des courants ont aussi un effet sur les écosystèmes, des fonds fluviaux aux berges. Les conséquences sur les nappes phréatiques sont pour l’instant peu connues, mais des contaminations sont à craindre. Des pollutions liées à la décomposition des animaux et des poissons morts commencent à préoccuper les autorités sanitaires. Par ailleurs, l’essentiel de la coulée de boue n’ayant pas encore atteint l’océan – seulement les particules très légères – les conséquences sur l’écosystème marin ne sont pas encore estimées.
Le responsable des barrages est l’entreprise Samarco, qui appartient au groupe minier brésilien Vale et à l’anglo-australien BHP Billiton. Le ministère public de l’État du Minas Gerais a affirmé que la rupture du barrage n’était pas un accident et qu’il rassemblait les preuves d’une négligence de maintenance. Une première amende de 250 millions de réaux (61 millions d’euros) a été infligée et annoncée par la présidente du Brésil, Dilma Rousseff. Mais les experts estiment que la facture devrait se chiffrer plutôt en milliards.


Sur le plan économique, il encore trop tôt pour faire le calcul des productions agricoles et piscicoles perdues et des impacts sur les autres activités de la région liées aux fonctions de la faune et de la flore gravement atteintes. Sur le plan écologique, le calcul, lui, ne sera peut-être jamais fait car « comment estimer le coût de la disparition d’une espèce ? » souligne Alessandra Magrini, une des spécialistes qui va être chargées d’établir l’addition finale.

La menace de la rupture d’un troisième barrage

Le gouvernement a annoncé le 17 novembre un plan de « revitalisation » du Rio Doce qui devra être financé par l’entreprise responsable. Or, Samarco se retrouve actuellement confronté à la menace de la rupture d’un troisième barrage. Malgré les travaux d’urgence qui sont en train d’être effectués, les dirigeants ont fini par admettre, en début de semaine, que le risque existe toujours. Les habitants de la région s’attendent à voir le bilan s’alourdir.
La présidente de l’Institut brésilien de l’environnement (Ibama), Marilene Ramos, rappelle que la catastrophe de Mariana n’est pas la première de ce genre. En 10 ans, cinq incidents de la sorte se sont produits, bien que de moindre ampleur. Le Brésil doit donc désormais prendre au sérieux les menaces que constituent les activités extractives pour l’environnement et revoir ses réglementations de sécurités.


[1Le mot-dièse #brazilianfukushima a été lancé avec cette vidéo de sensibilisation, largement partagée actuellement sur Facebook

Thursday, November 19, 2015

Candidly Speaking: The global jihadist onslaught and European Jews - Opinion - Jerusalem Post

Candidly Speaking: The global jihadist onslaught and European Jews - Opinion - Jerusalem Post

Attentats de Paris : pourquoi ils voteront contre la prolongation de l'état d'urgence

L'Assemblée nationale examine le projet de loi visant à muscler le dispositif d'état d'urgence, annoncé par François Hollande après les attaques terroristes de vendredi. Deux élus expliquent à "l'Obs" pourquoi ils ne le voteront pas.

L'Assemblée entame mardi son marathon budgétaire automnal. Sipa 
L'Assemblée entame mardi son marathon budgétaire automnal. Sipa
Moins d'une semaine après les sanglants attentats terroristes de Paris et Saint-Denis, l'Assemblée nationale est appelée à voter, ce jeudi 19 novembre, un projet de loi renforçant et prolongeant l'état d'urgence, décrété vendredi. Le texte, présenté mercredi par l'exécutif et qui sera soumis vendredi au Sénat, prévoit la prolongation, pour trois mois, de l'état d'urgence. Son contenu a été détaillé, mercredi, par le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.
Au moins trois députés voteront contre : Isabelle Attard, Noël Mamère et Sergio Coronado, inscrits au groupe écologiste. Ils expliquent pourquoi.

Isabelle Attard (Calvados) : "Pendant trois mois, ce sera 'No limit' !"


(DR)
"La prolongation de l'état d'urgence n'est pas nécessaire. L'Etat dispose déjà de moyens suffisants pour faire face. Pour procéder à des perquisitions, expulser les imams radicaux ou traquer les terroristes, pas besoin de l'état d'urgence. Ce choix relève de la communication politique anxiogène. C'est triste. Lorsque l'on est président de la République, Premier ministre ou membre du gouvernement, on se doit de rassurer la population.
Décréter l'état d'urgence, c'est rendre possibles toutes les dérives de la police et de l'administration, qui pourront agir selon leur bon vouloir"
Depuis les événements de vendredi, des perquisitions sans lien avec le terrorisme ont d'ailleurs déjà eu lieu. Si le projet de loi du gouvernement est voté, pendant trois mois, ce sera 'No limit' ! Une association citoyenne qui lutte contre le réchauffement climatique devient potentiellement suspecte. Idem pour les militants mobilisés contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il n'y aura plus aucun garde-fou !
La solution ? Plus de moyens financiers et humains sur le terrain. On peut d'ailleurs se demander pourquoi ces mesures n'ont pas été prises avant. Le personnel politique doit faire appel à sa raison. Je regrette que l'on légifère dans l'émotion lorsqu'il s'agit de textes de cette importance."

Noël Mamère (Gironde) : "Je préfère le pacte démocratique au pacte de sécurité"


(PATRICK KOVARIK / AFP)
"Je voterai contre la prolongation. Autant j’étais d’accord et je comprenais l’état d’urgence décrété dans la foulée des attentats du 13 novembre, autant je suis dubitatif sur la prolongation de trois mois qui interdit tout contrôle du Parlement et porte atteinte aux libertés individuelles et collectives. Elle empêchera notamment la participation de la société civile à la COP21, le sommet mondial sur le climat, qui va se limiter aux négociations de chefs d’Etats comme nous le craignions. C’est une atteinte à la liberté d’expression. Il y a déjà eu plusieurs lois antiterroristes votées, elles ont mis en œuvre des dispositifs d’exception qui permettent à l’appareil judiciaire et à la police de faire son travail. La loi de renseignement était déjà une atteinte aux libertés. 

Je n’ai pas envie de donner un blanc-seing à l’exécutif. Je préfère le pacte démocratique au pacte de sécurité. Nous assistons à une surenchère sécuritaire entre gauche et droite. Et au recyclage de la camelote de la droite, comme avec la déchéance de la nationalité que celle-ci avait proposée, et que la gauche avait rejetée avant de la recycler aujourd’hui !
On ne peut pas se permettre, pour des raisons politiciennes, pour piéger la droite, de toucher à notre droit fondamental ! "
Difficile de garder la tête froide dans une période d’émotion. Mais quand on touche aux libertés fondamentales, on ne le fait qu’à froid. On reprochait justement à Nicolas Sarkozy d’agir dans la précipitation. Regardez ce qui s’est passé ailleurs : la Tunisie a levé l’état d’urgence après les récents attentats. L’Espagne, elle, n’avait pas décrété d’état d’urgence après les attentats de Madrid…"

Sergio Coronado* (Français de l'étranger) : "l’état d’urgence n’est pas en lui-même de nature à écarter le danger"


(JACQUES DEMARTHON / AFP)
"Permettez-moi de rappeler la situation de 2005. Lorsque l'état d'urgence fut instauré, il fut aussitôt contesté. Le conseil d'Etat débouta ceux qui avaient présenté la requête, en fondant logiquement la légitimité du régime d’état d’urgence sur les circonstances au nom desquelles il a été instauré. Ils ouvraient ainsi la possibilité de requêtes ultérieures le contestant, au nom d’une modification de ces circonstances, leur donnant l’occasion d’apprécier, de nouveau, son opportunité. Aujourd'hui, la menace est diffuse, sporadique, pouvant resurgir à tout moment. Elle est à la fois extérieure et interne. Ce sont en effet des jeunes français, des européens qui tuent et massacrent là où ils ont grandi, où ils ont vécu."
"Dès lors l'hypothèse d'un état d'urgence qui dure plus longtemps que ce qui est prévu existe. Or l’état d’urgence est un état d’exception donc temporaire, alors que la menace s’inscrit dans la durée. 

Chers collègues, autant nous sommes d'accord sur le renforcement des moyens pour les services de police, pour la justice, autant je suis dubitatif quant à la prorogation de l'état d'urgence, en fait pour dire clairement les choses nous nous interrogeons et sur sa légitimité de la prorogation et sur son efficacité. Et pour reprendre les mots de Robert Badinter, l'état de droit n'a jamais été l'état de faiblesse, l'état de droit n'est pas l'état de faiblesse. En fait, pour reprendre les mots d’Henri Leclerc, l’état d’urgence n’est pas en lui-même de nature à écarter le danger."
Il sert surtout à rassurer les citoyens, à montrer que l’on agit, sans que son efficacité supérieure n’ait été démontrée."
"Pour ces raisons je ne voterai pas la prolongation de l'état d'urgence."
Propos recueillis par Audrey Salor et Maël Thierry
* Extraits de son intervention devant la Commission des lois de l'Assemblée nationale.

Wednesday, November 18, 2015

Et si on interrogeait l' Ecclésiaste ?



Réaffiché de butiner.blogspot.com
A la lumière des événements que nous vivons, j'ai soudain pensé à  l’Ecclésiaste ( un livre  bien vieux  écrit probablement par Salomon  

« Son thème est celui de la vanité des choses humaines. Le livre s’ouvre sur un constat d’impuissance et de pessimisme : tout est vain, c'est-à-dire futile et insignifiant. « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil ». La sagesse équivaut au chagrin, le savoir à la douleur. Le sage et l’insensé connaissent le même sort dans la mort et l’oubli. L'insécurité causée par la menace constante de la mort et par l'injustice régnant parmi les hommes, l'impossibilité de connaître les plans de Dieu pour le monde, rendent le destin de l'homme fragile et insaisissable."   Source wikipedia 

Ses sentiments … ses réflexions sur la vie pourraient être celui de  l 'homme de la rue à qui un journaliste donnerait  soudain le  micro … Avec un vocabulaire différent, tout est d’une  étonnante actualité !  

Le désabusé
Ecclésiaste 1 : 2 - 3 
Ecclésiaste 1 : 18 Car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur.

On n’aimerait ne rien comprendre….ce serait plus simple

Ecclésiaste: 3.16 J'ai encore vu sous le soleil qu'au lieu établi pour juger il y a de la méchanceté, et qu'au lieu établi pour la justice  il y a de la méchanceté.

Il n’y  pas de justice.

Le Fataliste

Ecclésiaste 2 : 1-8 Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux :
un temps pour naître, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté ; ....un temps pour aimer, et un temps pour haïr ; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix.

Tout est normal..La vie est un cycle perpétuel

Ecclésiaste 9 : 12 L'homme ne connaît pas non plus son heure, pareil aux poissons qui sont pris au filet fatal, et aux oiseaux qui sont pris au piège ; comme eux, les fils de l'homme sont enlacés au temps du malheur, lorsqu'il tombe sur eux tout à coup.

On doit tous mourir et on ne sait pas quand ça va arriver !

Le désespéré

Ecclésiaste 4 : 1 - 3 J'ai considéré ensuite toutes les oppressions qui se commettent sous le soleil ; et voici, les opprimés sont dans les larmes, et personne qui les console ! ils sont en butte à la violence de leurs oppresseurs, et personne qui les console !

Et j'ai trouvé les morts qui sont déjà morts plus heureux que les vivants qui sont encore vivants, et plus heureux que les uns et les autres celui qui n'a point encore existé et qui n'a pas vu les mauvaises actions qui se commettent sous le soleil. Ecclésiaste 2 :17 Et j'ai haï la vie, car ce qui se fait sous le soleil m'a déplu, car tout est vanité et poursuite du vent.

Il vaut mieux en finir le plus tôt possible avec  cette vie.

Le philosophe

Ecclésiaste 7 : 2 Mieux vaut se rendre dans une maison de deuil que dans une maison de festin, car telle est la fin de tout homme, et celui qui est en vie peut ainsi se mettre à réfléchir.

Ecclésiaste 7 : 14 Le jour du bonheur sois heureux, et le jour du malheur réfléchis !

N’avez-vous jamais entendu quelqu’un vous dire qu’après coup, un drame lui a  été salutaire, qu un drame l’a  obligé à se focaliser sur les vrais valeurs de la vie ?

L’optimiste modéré ( ce n’est pas le profil dominant ..il faut bien le chercher)

Ecclésiaste: 9.4 Pour tous ceux qui vivent il y a de l'espérance ; et même un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort.

Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir 

Eclesisate 3 :17 J'ai dit en mon coeur : Dieu jugera le juste et le méchant ; car il y a là un temps pour toute chose et pour toute œuvre.

Je crois que Dieu  jugera avec justice toute chose en son temps

Ecclésiaste 3 :10 -14 J'ai vu à quelle occupation Dieu soumet les fils de l'homme.Il fait toute chose bonne en son temps ; même il a mis dans leur cœur la pensée de l'éternité, bien que l'homme ne puisse pas saisir l'œuvre que Dieu fait, du commencement jusqu'à la fin…

J'ai reconnu que tout ce que Dieu fait durera toujours, qu'il n'y a rien à y ajouter et rien à en retrancher, et que Dieu agit ainsi afin qu'on le craigne.

Je crois  en la souveraineté de Dieu dans ce monde même si je suis loin de tout comprendre.

L’épicurien

Ecclésiaste: 8 : 15 J'ai donc loué la joie, parce qu'il n'y a de bonheur pour l'homme sous le soleil qu'à manger et à boire et à se réjouir ; c'est là ce qui doit l'accompagner au milieu de son travail, pendant les jours de vie que Dieu lui donne sous le soleil.

Ecclésiaste: 9 : 9-10 Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, pendant tous les jours de ta vie de vanité, que Dieu t'a donnés sous le soleil, pendant tous les jours de ta vanité ; car c'est ta part dans la vie, au milieu de ton travail que tu fais sous le soleil.

Tout ce que ta main trouve à faire avec ta force, fais-le ; car il n'y a ni oeuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse, dans le séjour des morts, où tu vas.
C'est "Mangeons et buvons , car demain nous mourrons ! Esaie 22:13
Je crois qu' on se reconnait (sans problème) dans ce mélange de réflexions  sur la vie si nos yeux restent "scotchés"  sur cette tragique actualité.
J’ai cherché la violence, la colère … Bizarrement, je ne les ai pas trouvées … serait ce le seul sentiment qui n’ait pas sa légitimité dans le livre de l’Ecclésiaste ?
Si on oublie la conclusion du livre de l’ecclésiaste,on est plus ou moins sans perspective élevée.
Cette quête du sens de la vie a amené l’Ecclésiaste à conclure que ce qui donne du  sens a notre vie c’est la crainte de Dieu  qui passe par la confiance en lui  et  l obéissance en ses commandements.
Ecclésiaste: 12.13- 14 Voici la conclusion de tout ce qui a été dit : respecte Dieu et obéis à ses commandements. Oui, voilà ce que tous les êtres humains doivent faire. En effet, Dieu jugera tout ce que nous avons fait, même nos actions cachées, bonnes ou mauvaises. Ce que nous retrouvons dans : Proverbes 1 :7 La crainte de l’Éternel est le commencement de la connaissance ; Les insensés méprisent la sagesse et l’instruction.