Ce que dit la Bible au sujet de la semence et de la lumière


La lumière est semée pour le juste, Et la joie pour ceux dont le coeur est droit. Psaume 97:11

La véritable lumière: En elle (laParole ou Jésus) était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue. Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. Elle est venue chez les siens, et les siens ne l'ont point reçue. Jean 1: 4 - 11
La bonne semence et l´ivraie: Le royaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé une bonne semence dans son champ. Mais pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint, qui sema de l'ivraie parmi le blé, et s'en alla. Matthieu 13:24-25

Thursday, December 10, 2015

"Marine... qu’est-ce qu’on risque à l’essayer ?" : Paroles de néolepénistes

Réaffiché de  tempsreel.nouvelobs.com/ 
Ils n’avaient jamais voté FN avant cette année ou s’apprêtent à le faire pour la première fois. "L’Obs" a réuni 12 nouveaux électeurs de Marine Le Pen et leur a laissé la parole. Edifiant.Marine Le Pen est candidate à la présidence de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. (Lionel Cironneau/AP/SIPA) 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Marine Le Pen est candidate à la présidence de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. (Lionel Cironneau/AP/SIPA)
(Cet article a été publié le 4 décembre, avant le premier tour des élections régionales)
Ils sont venus, ils sont tous là, et ne se connaissent pas. Huit hommes et quatre femmes. La plus jeune, Lucie, a 32 ans, le plus âgé, Yves, 60. Les autres s’appellent Fabrice, Eric, Laurence, Lionel, Carole, Alban, ou encore Pascal, Caroline, Baptiste et Bertrand. Des Français comme les autres, ordinaires. "Moyens", résume une formule qui sonne toujours un peu étrangement.

Bertrand est fonctionnaire territorial, Alban prof d’espagnol, Eric et Lucie graphistes, Pascal électricien, bref, des employés ou des cadres intermédiaires qui tous habitent en Ile-de-France, en petite ou en grande banlieue, dans des communes populaires comme Saint-Ouen, Clichy, Créteil ou Franconville, ou plus aisées et résidentielles telles que Levallois, Courbevoie, Louveciennes ou Bougival.

Mais leur vrai point commun est ailleurs : tous sont fans de Marine Le Pen, sans savoir que leurs comparses de cette matinée d’automne partagent le même penchant. Plus précisément, ce sont des néolepénistes : certains ont voté pour la première fois de leur vie pour le Front national aux départementales de mars dernier, les autres s’apprêtent à franchir le pas pour rallier l’extrême droite aux régionales dimanche prochain.
Neuf des 12 nouveaux électeurs du FN reçus à "l'Obs" le 21 novembre. (Bruno Coutier pour "l'Obs")
Bref, un échantillon de nouveaux convertis au FN, une espèce d’électeurs de plus en plus répandue, venus pour les uns de la droite, mais aussi, pour d’autres, de la gauche. Qu’est-ce qui les a décidés à basculer vers le FN ? Pourquoi sont-ils séduits par Marine Le Pen ? Rêvent-ils de la voir s’installer à l’Elysée ? Qu’espèrent-ils ? Que redoutent-ils ? Sélectionnés par l’institut Ipsos, ils ont accepté de venir dialoguer au siège de "l’Obs".

Des uniformes, des képis, du treillis

Pendant plus de deux heures, déçus pas la droite, fâchés contre la gauche, ils ont parlé des "musulmans", tout le temps, des "étrangers", beaucoup, de "la France qui va mal", souvent. Ils se sont livrés franchement, sans aucun complexe. D’emblée, leur carburant, le moteur de leurs sentiments, celui qui les jette dans les bras de Marine Le Pen s’est dévoilé : la peur. Tout le temps, partout.
Comme sur cette place de la Bourse où ils arrivent un à un ce samedi 21 novembre en fin de matinée. Comme tous les week-ends, l’endroit est désert. Pas âme qui vive. Et donc pas de policiers non plus. Caroline, 50 ans, comptable à la Défense, s'affole :
En venant, je n’en ai pas vu. Vous vous rendez compte ? C’est incroyable ! On n’est pas protégés…"
Beaucoup abondent : une semaine après les attentats, ils veulent voir des uniformes, des képis, du treillis, dans les transports, les grands magasins, à tous les coins de rue.
Fini "l’effet Charlie", la tragédie du 13 novembre n’a pas eu le même impact que les attentats de janvier. Cette fois, ce n’étaient ni des journalistes, ni des juifs, ni des policiers mais M. Tout-le-Monde qui était visé. "Et ça, ça change tout", balance d’entrée Fabrice, 50 ans, fonctionnaire.
Cette fois, ça pouvait être nous. Moi, franchement, je n’aurais jamais pensé que ça puisse arriver à Paris. Des choses comme ça, on peut en voir à Bagdad, ou au Liban…"
Sa voix tremble un peu, mais Carole s’épanche volontiers pour évacuer le poids qu’elle ressent au quotidien : "Moi, j’ai la trouille, dit cette femme de 46 ans qui travaille dans le BTP. J’ai deux grands enfants qui sont partis de la maison et ça fait une semaine que je ne vis plus… Je ne peux pas les empêcher de sortir. Ma fille, je lui dis : 'Tu m’appelles quand tu sors, tu m’appelles quand tu rentres', et quand elle me dit : 'Maman, gare du Nord, c’est pas sécurisé', je vous dis pas la journée que je passe…"

"Ils le savaient, ils n’ont rien fait"

Cette peur, plus encore depuis le 13 novembre, elle a pour eux un visage, celui du musulman. Lucie, graphiste de 32 ans, brune et menue, raconte : 
Avant-hier, j’étais dans le métro et il y avait une jeune femme avec un niqab et son coran en face de moi dans le métro.

Je me disais : 'Elle peut dissimuler plein d’explosifs et faire sauter toute une rame.' Je me suis fait le film de ma vie, j’ai eu super peur."
Face à cette angoisse, que pèse la réaction martiale de l’exécutif ? L’annonce d’une batterie de mesures sécuritaires ? La mise en place de l’état d’urgence ? Pas bien lourd… Au fond, rien ne les rassure. De la peur, ils basculent vite dans la colère. Une question revient en boucle : "Pourquoi ils l’ont pas fait plus tôt, après 'Charlie Hebdo' ?" demande Pascal. 
Ils le savaient, ils n’ont rien fait … Avec son toutou de Valls et le ministre de l’Intérieur qui fait des gros yeux pour faire peur, Hollande tape du poing sur la table, mais ça va durer 15 jours, trois semaines, et après tout va redevenir normal."
Les noms des ministres échauffent l’assemblée. L’échange tourne au jeu de massacre. Avec quelques cibles favorites. Laurence, 48 ans, balance :
Belkacem, elle a la double nationalité alors je suis désolée, mais elle n’a rien à faire au gouvernement !

Elle représente la France, moi, ça me choque ! A ce moment-là, elle n’a qu’à prendre la nationalité française. Taubira, c’est pareil !"
Pascal enchaîne : "Il y a une autre ministre qui est arrivée il n’y a pas très longtemps…" "C’est un nom imprononçable, dit son voisin. Euh, Khomri… Qu’est-ce qu’elle fout là ?" Fabrice : "Pourquoi on la met pas à la diversité ?" Le décor politique est posé, le casting du gouvernement, laminé. A gauche, le seul à limiter les dégâts, c’est Emmanuel Macron, "parce qu’il fait bouger les choses", dit Laurence. "Il n’est pas dans l’idéologie", glisse Alban, un prof d’espagnol de 46 ans qui jadis votait socialiste.
"Les musulmans donnent des prénoms à  coucher dehors à leurs gosses" - Alban, professeur d'espagnol. (Bruno Coutier pour "l'Obs")
Mais la seule évocation du nom de François Hollande déclenche un déchaînement de quolibets et de haut-le-cœur. "Il n’est même pas crédible. On dirait des guignols, s’énerve Carole d’une voix forte. Daech, il dit 'Dach'. Moi, j’étais pétée de rire, j’ai dit : 'Bon allez, arrête, c’est bon, rentre chez toi !'" "Déjà, c’est pas lui qui fait les discours, la coupe Pascal, d’un ton très sûr de lui. Il lit simplement ce qu’on lui dit." "C’est quelqu’un qui a la capacité d’être maire d’une commune en Corrèze, c’est tout", rigole Lucie. Carole reprend :
Moi, je l’ai écrit sur Facebook, Hollande, il est comme Bush, il a du sang sur les mains. Il savait qu’il y avait une menace, depuis 'Charlie Hebdo'. Il fallait prendre des mesures, mais non, il vaut mieux être en scooter ou aller se pavaner…"
"On ne protège pas nos frontières non plus, s’indigne Laurence. "C’est ouvert à tout-va, tous les migrants, ils rentrent !"

Les migrants, le niqab et les terroristes 

Terroristes-migrants, il n’a fallu que quelques minutes pour que le lien s’impose. Solide. Incontournable. Caroline en voit la preuve défiler sur son écran de télévision : "On me dit 'c’est la guerre là-bas', mais quand c’est la guerre, c’est les femmes et les enfants qui partent en premier. Là, il n’y a que des hommes qui arrivent. Moi, ce que j’ai toujours dit, c’est l’armée de Daech qui est rentrée ! Ils sont là, on ne les entend plus et on ne sait plus où ils sont…" Pascal demande :
D’ailleurs, pourquoi les migrants ne sont pas allés au Qatar ou en Arabie saoudite ? demande Pascal. Il y a anguille sous roche…"
Yves, la soixantaine dégarnie, la voix douce, interroge : "Les migrants, s’ils ne sont pas déjà terroristes, qu’est-ce qui prouve qu’ils ne vont pas le devenir ? Ils arrivent en Europe sans moyens, sans rien. Ils vont se retrouver dans le froid, sans boulot, sans que dalle, ils vont être manœuvrés…" Tout à coup, il s’énerve :
D’ailleurs, les migrants, c’est d’abord des déserteurs. Non seulement ils migrent chez nous mais en plus, on est obligés d’aller combattre Daech à leur place !"
Aux yeux de Lucie, le problème est plus grave, et surtout plus ancien : "Il y a beaucoup de terroristes qui sont français, c’est la France qui a fabriqué ses propres monstres et ça, ça fait longtemps ! Déjà, lors de l’élection de Hollande, on voyait des drapeaux de l’Algérie et des gens qui brûlaient des drapeaux français." Lucie vit désormais à Levallois. Elle est "hyper contente" d’avoir quitté Aubervilliers où elle a grandi à la fin des années 1980 : "Je me dis que dans les caves des cités où j’ai pu me promener, ça doit être pourri, plein de gens comme ça ! On récolte ce qu’on a semé…" Pascal intervient :
Le niqab, il avait été dit que dans les lieux publics c’était interdit, mais elles sont toujours là. On laisse faire !"
Yves a une explication : "On dit même à la police de faire semblant de ne pas les voir." Laurence habite près d’Argenteuil et ne supporte plus de croiser des femmes voilées : "Elles conduisent dans des super bagnoles, des Renault Scénic. On voit que leurs yeux. Et en plus, elles sont avec leur téléphone portable en même temps…"

"On n’a pas les mêmes valeurs"

Chacun se met alors à citer une anecdote vécue, ou rapportée, réelle ou fantasmée, pour illustrer son ras-le-bol. "Moi, j’ai une collègue de travail qui vit à Eragny, dans le 95, raconte Laurence. Elle a un petit garçon de 5 ans. Un soir, il rentre de l’école et il lui parle d’un copain en disant 'c’est mon frère' alors qu’il est fils unique. Sa mère était étonnée. Elle lui demande : 'C’est ton frère ?' Le petit répond : 'Oui, c’est mon frère, on est tous frères !' Je n’en revenais pas, soupire Laurence. Ce n’étaient pas des Français mais des petits Blacks ou des petits musulmans, des petits garçons de 5 ans, on leur dit : 'Vous êtes tous frères', vous vous rendez compte ?" Qu’y a-t-il de choquant à ce qu’un écolier considère son copain de classe comme un "frère" ? Silence. Laurence tombe des nues :
Bah non, on n’est pas frères ! On n’a pas la même religion, on n’a pas les mêmes valeurs."
Tous ont le sentiment d’être assiégés par l’islam et abandonnés par les politiques. La droite, la gauche, tous les mêmes ! Les deux camps se succèdent au pouvoir et tout va de mal en pis – "plus d’immigrés, plus d’impôts et moins de sécurité" –, c’est ce constat commun qui les fait basculer au FN. Un temps, le verbe de Sarkozy les avait séduits. Mais l’action n’a pas suivi. Pascal glisse :
Sarkozy a bien fait de dire qu’il fallait 'nettoyer les banlieues au Kärcher', mais on ne l’a pas fait assez."
"En 2005, il y a eu trois semaines d’émeutes dans les banlieues et le gouvernement ne veut pas que ça recommence, croit savoir Fabrice. Alors, on ne peut pas actionner tous les leviers…" Carole sort de ses gonds : "Mais on ne peut pas se laisser faire non plus !" Et elle dégaine son morceau de vie à elle : "Ma deuxième fille va avoir 12 ans, je lui ai acheté un tee-shirt avec une croix dessus, je n’ai pas fait gaffe. Elle s’est fait taper dessus à l’école : 'T’es qu’une sale chrétienne' et tout ça… Pourquoi ? J’ai été voir la directrice, elle m’a dit : 'Il faut laisser les enfants s’amuser.' Et elle m'a dit : 'Madame, qu’elle ne mette plus le tee-shirt…'"
Pendant la campagne présidentielle de 2012, la patronne du FN fustige le port du niqab. (IBO / SIPA)
Pascal est outré : "Et ça, est-ce qu’elle va aller le dire à celles qui portent le voile ?" Brouhaha autour de la table. On lève les yeux au ciel, on partage colère et indignation. Laurence assène le coup de grâce : 
Il y a des écoles où on ne confectionne plus de cadeaux pour la Fête des Pères et la Fête des Mères parce que c’est des fêtes catholiques, ce n’est pas musulman…"
"Et puis il y a plein d’écoles où il n’y a pas de sapin. Va expliquer à ton enfant pourquoi il n’y a pas de sapin à l’école", s’étrangle Carole, les yeux embués.

"La France, tu l’aimes ou tu la quittes !"

"Cette semaine, j’ai failli jeter ma télé par la fenêtre, renchérit sa voisine, Caroline, quand j’ai entendu M. Mélenchon dire qu’on n’avait pas à être fiers d’être français, qu’on n’avait presque pas de mérite à être nés français !" "Quoi ?" "Excusez-nous d’être français ! On ne voit que les Arabes, les juifs, mais nous on fait quoi, on est où ?" Lucie tique : "Mais les juifs sont français…" Caroline : "Oui, bon, d’accord, mais il y en a qui se promènent avec leur chaîne, leur croix, leur étoile, tout ça, c’est pas la peine de provoquer !" Lucie persiste : "Il y a une différence entre se promener avec une chaîne qui nous est chère et porter le voile."
Oui, enfin en attendant, on a l’impression que nous, on n’existe plus. On nous dit de ne pas faire d’amalgame, mais nous, on ne provoque pas…"
Lionel n’a rien dit depuis 35 minutes. Lorsque vient son tour de parler, c’est comme une libération. Né en Corée il y a 39 ans, il n’est arrivé en France qu’il y a une douzaine d’années et va droit au but :
Pour moi, en France, en Europe et dans le monde, le problème numéro un, c’est l’islam. Je suis islamophobe au sens étymologique du terme, j’ai peur de l’islam, comme des millions de gens."
Lionel reprend son souffle, le débit est saccadé, régulier, inarrêtable : "Je ne supporte plus trop qu’on me dise et redise depuis des lustres de ne pas faire d’amalgame entre les musulmans modérés et les djihadistes… Certes les musulmans modérés ne sont pas salafistes voire djihadistes, mais tous les salafistes et djihadistes sont musulmans. Les musulmans posent plus de problèmes que les juifs, les catholiques et les protestants aujourd’hui dans le monde. Il faut refuser le déni de réalité."
Toute la tablée retient son souffle et boit ses paroles. Lionel continue son prêche : "Les musulmans y compris modérés sont un problème. Ils sont vite radicaux. Ils veulent du halal, du voile de la crèche à la maison de retraite. Ils veulent tout, partout et tout de suite. Alors que si nous on va au Maghreb, on n’a rien, pas de commerces de porc et pas d’église catholique. C’est donnant-donnant." Il poursuit : 
Ceux qui ne comprennent pas qu’en France on parle français, que l’on ne porte pas le voile et que tout est bon dans le cochon, ils n’ont pas vocation à rester en France !"
Pascal applaudit. Quelques "bravo" fusent. Lionel, qui se veut "laïque et anticlérical", dégaine un slogan historique du FN des années 1980, repris par Nicolas Sarkozy en 2006, "la France, tu l’aimes ou tu la quittes !", et conclut son homélie : "Ils se croient tout permis et ils pensent que tout leur est dû. Et dès que l’on critique un minimum, on est tout de suite taxé de xénophobie et d’islamophobie, mais non !" Il ajoute :
C’est à eux de s’adapter à nous et pas l’inverse. L’islam, c’est la religion la plus réactionnaire, liberticide qui soit. C’est d’une intolérance monstre. C’est une religion que je ne supporte plus !"

"Les musulmans font du prosélytisme"

En quatre minutes, d’une traite, Lionel a fait grimper la tension d’un échelon. Il remporte l’assentiment général. Pascal ajoute : "Ce qui est bizarre, c’est qu’après les attentats, on fait des découvertes de caches d’armes, de drogue, de tout ce qu’on veut en pagaille, ça veut dire que la France est un nid de terroristes. Alors je sais bien que puisqu’ils sont nés en France, ils sont français, mais quand on entend leur nom, ça fait peur !"
"Excusez-nous d'être français ! On ne voit que les Arabes, les juifs, mais nous ont fait quoi, on est où ?" - Caroline, comptable. (Bruno Coutier pour "l'Obs")
Lucie  le coupe : "Il y a aussi des vrais Français, enfin… des Français de souche qui se convertissent et partent en Syrie." Pascal : "Oui, alors là, je voudrais bien savoir ce qu’on leur dit dans les mosquées ! A partir du moment où ils partent là-bas et veulent tuer des Français, ils ne sont plus français." D’ailleurs, Yves en est convaincu :
On veut bien le 'pas d’amalgame' et tout ce qu’on veut… Mais si un jour il y a un conflit, un vrai, le musulman français choisira toujours sa religion, ça c’est clair".
Laurence revient à la charge : "Oui, on ne devrait pas leur donner la nationalité tant qu’ils ne parlent pas le français ! Ils sont mariés, ont trois femmes, 50 enfants et touchent la Sécu et nous on nous prélève des cotisations pour payer les allocations qu’on leur verse." Eric s'alarme :
Là, on entend des Abdou machin…, mais un jour ce sera peut-être un Patrick ou un Cédric qui se fera sauter dans le métro."
Pour Alban, le problème est simple : "Les musulmans font du prosélytisme. Alors que les Asiatiques, les juifs, quand ils arrivent en France…" Lucie, sa voisine, tique, mais ne dit rien. Alban reprend : "Eh bien quand ils arrivent chez nous, ceux-là, ils donnent des prénoms français à leurs enfants. Les Asiatiques, ils ont toujours une fille qui s’appelle France en hommage au pays. Les musulmans donnent des prénoms à coucher dehors à leurs gosses. Y a qu’à voir le prénom des terroristes, quand on s’appelle Abdeloud je sais pas quoi, c’est plus dur de s’intégrer !"
Yves  relève que "même les Asiatiques s’intègrent. Le seul problème qu’on a, c’est avec les musulmans, il faut voir les choses en face, c’est une religion incompatible avec la démocratie". "On aimerait bien savoir combien il y a de musulmans présents en France, on n’arrive pas à avoir les chiffres exacts", s’inquiète Fabrice. "Les chiffres sont fantaisistes, ajoute Yves. Dans le métro, on voit neuf nationalités différentes avant de croiser un Européen." Fabrice soupire :
Tu vas gare du Nord, tu prends la vérité en pleine face, c’est affolant."
Carole  raconte que quand elle était "gamine à Aubervilliers, il n’y avait pas de souci. Maintenant, c’est une zone de non-droit. Il s’est bien passé quelque chose. Moi au lycée, il y avait des Blacks, des Marocains, ma meilleure amie au lycée était juive, jamais un problème". Lucie bondit : "Ce n’est pas les juifs qui foutent la merde !" Pour Fabrice, ce problème d’intégration concerne les jeunes générations :
Mon voisin, Farid, il est normal, toujours habillé comme nous, en jean. Mais ses quatre enfants partent dans un système religieux. Pourquoi ?"
"Quand les parents sont venus travailler, ils n’avaient pas le temps de faire de politique, répond Alban. Les enfants, on leur a inculqué la haine de la France, on leur a dit : 'Tes parents on les a exploités, on a torturé les tiens.' Ils ne se sentent pas français, et en plus ils ont de ces noms…" Eric acquiesce : "Tout ça, c’est une affaire d’éducation."

"Marine, elle écoute la détresse des gens"

Il regrette qu’on n’ait "jamais appliqué la suppression des allocs, ce truc génial pour sanctionner les parents", et répète à son tour le slogan  "la France, tu l’aimes ou tu la quittes".
Si on n’aime pas la France, on se casse en Islam ou dans un autre pays, où la merde est tolérée. Ici, il ne faut pas qu’elle soit tolérable ni tolérée. Voilà !"
Contre le terrorisme, Yves a la solution : "Commençons par supprimer le droit du sol !" "Ça, c’est dans le programme de Marine Le Pen", fait remarquer Fabrice. Aux yeux de l’assistance, la présidente du FN s’impose naturellement comme la seule alternative possible.
D’un ton posé, Baptiste, jeune homme discret de 33 ans et ancien électeur socialiste, juge "écœurants tous les gens qui ont gouverné, que ce soit Hollande, Sarkozy, même Chirac". "Depuis 30 ans, poursuit-il d’une voix timide, les gouvernements se succèdent, gauche, droite, et il n’y a rien qui change. On paie toujours plus d’impôts. C’est un peu lamentable."
Le défilé traditionnel du parti, le 1er mai dernier à Paris. (Thomas Samson / AFP)
"Ils naviguent à vue", ajoute Alban, qui s’en prend aux "vieux réflexes de gauche, la fameuse culture de l’excuse : malgré ce qui s’est passé le 13 novembre, on entend encore des gens dire : 'Les pauvres mecs de banlieue, ils n’ont pas de chance…' Pour Marc Dutroux ou pour les tueurs pédophiles, on ne dit pas : 'Oui, ce sont des orphelins, ils ont souffert…'" Marine Le Pen, pour ces nouveaux électeurs, incarne l’inverse. "Elle a des couilles et elle n’a pas peur", balance Eric. Baptiste ajoute :
A la différence des autres politiciens qu’on voit tout le temps changer d’avis, elle, on a l’impression qu’elle est convaincue de ce qu’elle dit."
"Et elle peut venir toute seule sur un plateau, s’enflamme Eric. 'L’autre', il va venir avec Taubira, Valls, tout ça, à deux, à trois, et elle s’en sortira très bien." "Ce qui la différencie des autres, reprend Alban, c’est qu’elle ose dire les choses. Quand un musulman fait une connerie, elle ne va pas dire 'c’est un jeune Français', elle n’utilise pas de périphrase, elle n’a pas peur d’être taxée de racisme. C’est rafraîchissant."
Et puis Carole a "l’impression qu’elle s’occupe vraiment des problèmes. Marine, dans le Nord, elle écoute la détresse des gens. Les pauvres bouchers-charcutiers qui se font casser leurs boutiques, personne ne s’occupe d’eux, elle, elle y va ! Elle prend nos problèmes à bras-le-corps : fermer les frontières, oui c’est ça ce qu’on attend ! Il faut arrêter de jouer les bons samaritains, de mettre les aides sociales… et nous on est obligés de travailler combien d’heures par mois et on n’a jamais rien ! ?" Attention, pour autant, Eric en est sûr :
Marine Le Pen n’est pas raciste."
Tous approuvent : "Non, non, elle ne l’est pas du tout." La preuve, elle parle "sans s’énerver". Et puis "elle a bien pris sur elle pour se recentrer et ne plus être extrême comme l’était son père". L’éviction de Jean-Marie Le Pen fait l’unanimité. Pas un pour regretter le vieux chef de l’extrême droite, tous se réjouissent que la fille se soit débarrassée du père qui "avait bien foutu la merde", selon Eric.

"Un parti de droite forte"

Au fond, ce qui libère les nouveaux supporters de "Marine", c’est qu’ils ont le sentiment que leur héroïne est devenue à la mode. Et donc, eux aussi. Enfin. "Tout le monde finit par adopter ses idées, y compris la gauche", se félicite Yves.
A une époque, on parlait de baguette, pain beurre et béret sur la tête, on passait pour un gros beauf de droite.

Maintenant, même les bobos parisiens n’arrêtent pas de vanter la culture française et le bien-vivre français. On le voit bien avec Schengen, l’idée de fermer les frontières…"
Pour Fabrice, "même le PS a pris conscience du problème de l’immigration. Dans les années 1980, la gauche avait créé SOS-Racisme, la Marche des Beurs, au jour d’aujourd’hui, il y aurait un mouvement pour défendre certaines pratiques religieuses, le PS ne suivrait pas". Lui-même ancien électeur de gauche, il est fasciné par le "charisme" de "Marine" qui "attire des gens de tous horizons".
C’est parce qu’"il y a eu un vrai tournant avec l’arrivée de Marine Le Pen et Florian Philippot, qui a recentré le FN, analyse Bertrand. Au lieu d’avoir un parti d’extrême droite exclusivement, on a un parti de droite forte. On est à la droite de l’UMP avec des idéaux nationaux". Pour Laurence, la preuve de l’évolution du Front national, c’est d’ailleurs l’identité même du numéro deux du parti :
Philippot, il est homosexuel, c’est déjà une grande ouverture d’esprit de Marine Le Pen parce que son père, il les aurait exterminés."
Alors Marine Le Pen à l’Elysée en 2017 ? Pour Pascal, c’est clair, "il est temps que ça change, donc 'next' ! Marine, on ne lui a jamais donné sa chance, il faut le faire pour voir ce qu’elle vaut". Lucie est plus hésitante : "C’est quand même pas un coup de poker…" Au fond de lui, Fabrice n’y croit pas vraiment :
Elle ne sera jamais au pouvoir, elle est seule contre tous, comment voulez-vous qu’elle y arrive ?"
Il en rêve quand même et espère que son éventuelle victoire aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie serve de "révélateur", de tremplin vers le pouvoir suprême. Alors, une fois la patronne du FN devenue chef de l’Etat, tout changerait enfin, c’est sûr.

Droit du sol, droit du sang 

Pour Lionel, elle mettrait fin à "l’immigration de confort". Elle chasserait "ceux qui viennent en France non pas par passion de l’histoire et de la culture françaises mais pour les allocations !" Fabrice est d’accord :
On voit des gens qui ne se lèvent pas le matin, qui ne bossent pas, le père, la mère, les enfants livrés à eux-mêmes, et Marine, elle sait que les Français en ont marre de financer tout ça."
"Au niveau allocs, elle va faire du tri ! résume Eric. Et puis elle supprimerait le regroupement familial, ça résorberait naturellement beaucoup de problèmes parce que les musulmans font plus d’enfants que les catholiques ou les juifs. Et elle supprimerait le droit du sol qui serait remplacé par le droit du sang comme au Maroc."
"Je peux vous dire qu’à Fréjus, ils sont très contents du FN. Si dans les villes ça marche, pourquoi ça ne marcherait pas dans les régions et encore au stade plus haut ?" - Fabrice, technicien de maintenance. (Bruno Coutier pour "l'Obs")
Surtout, la patronne du FN s’attaquerait franchement au "danger de l’islamisation" : "J’imagine François Hollande et Marine Le Pen face à une femme en burqa, lance Lionel. François Hollande, je pense qu’il aura peur, Marine Le Pen non !" Carole, émue à cette idée, redresse la tête :
Marine, elle remettra les crèches, et on ne courbera plus l’échine, ça c’est bien !"
Elle poursuit : "On nous dit qu’il ne faut pas de porc à la cantine, pas de crèche, pas de sapin. Comment j’explique à mon fils qui a 5 ans pourquoi il n’a pas de sapin de Noël à l’école ? Quand je vais au Cora, la grande surface, le directeur a été obligé de courber l’échine, on lui a fait des menaces et du coup il n’y a plus de sapin de Noël."
"Comme dit Jean-Marie Le Pen, c’est la technique du voleur chinois, commente Alban. Les musulmans arrivent petit à petit, ils avancent un peu, d’un mètre, de deux mètres, et à la fin, on ne s’en est pas rendu compte, mais ils sont au cœur de la maison. L’islamisme, c’est un peu ça. Ils virent les sapins, les crèches, ils prennent le pouvoir. C’est une question de rapport de force et de soumission." Avec Marine Le Pen présidente, donc, fini la soumission !

"On ne voit que Philippot"

Mais porter le FN à l’Elysée, est-ce vraiment sans danger ? Fabrice a de la famille dans le Var et rassure ses interlocuteurs : "Je peux vous dire qu’à Fréjus, ils sont très contents du FN. Si dans les villes ça marche, pourquoi ça ne marcherait pas dans les régions et encore au stade plus haut ?" Et puis le parti d’extrême droite peut revendiquer quelques cautions prestigieuses. Fabrice se félicite :
Quand tu vois que des grands intellectuels comme Michel Onfray disent qu’elle a de bonnes idées, ça nous conforte.

Des gens comme ça, avec un savoir extraordinaire, qui disent que tout n’est pas négatif. Comme Finkielkraut. Peut-être que Marine Le Pen pourra les attirer dans son gouvernement."
L’isolement, voilà l’un des derniers handicaps auxquels se heurte la présidente du FN aux yeux de ses nouvelles recrues. "On ne voit que Philippot, déplore Yves. Elle manque de gens compétents dans son entourage, c’est un vrai problème." Tous en pincent fort, très fort, pour la nièce qu’ils n’appellent, elle aussi, que par son prénom. "Marion me séduit beaucoup, s’enflamme Eric avec des étoiles dans les yeux. Elle a un verbe que je n’entends nulle part ailleurs, elle peut être à table avec cinq ou six ténors d’autres partis, elle va les moucher ! Cette gamine est incroyable !"
Marine Le Pen et à sa nièce Marion Maréchal-Le Pen affichent leur soutien au candidat FN Gérard Gérent à Sorgues, lors des élections municipales de 2014. (Anne-Christine Poujoulat / AFP)
"Marine enverra Marion nous représenter à l’étranger, assure Carole. Et il faudra qu’elle se rapproche de certaines grosses têtes des Républicains. Wauquiez, c’est clair qu’il va franchir le pas. Guaino non plus n’est pas insensible." Laurence regrette : 
"Il faudrait aussi que certains se calment, comme l’avocat, euh… Collard, il donne une mauvaise image, il a des propos à la Jean-Marie Le Pen ! Il casse toutes les choses positives qu’elle essaie de faire passer."
Baptiste reste circonspect : "Elle devra faire tellement de compromis que je ne sais pas si elle pourra vraiment changer les choses. Le seul problème c’est que pour le savoir, il faut l’élire."

Sortir de l'euro, "c'est débile"

Sa personnalité non plus ne chasse pas tous les doutes. "Marine", leur "Marine" à l’Elysée ? Lucie n’est pas tout à fait rassurée : "Vous ne pensez pas qu’elle est juste plus maligne que son père ? demande-t-elle aux autres. Elle est assez anesthésiante. Moi je suis tentée par elle et en même temps je m’en méfie. Elle me fait penser à un serpent. C’est une facho quelque part aussi." "Au travail, quand on en parle, plein de collègues pensent comme toi", s'inquiète Laurence.
Ils ont envie de voter pour elle, mais ils ont la trouille qu’elle joue la comédie et qu’elle mette en place un régime totalitaire."
"Economiquement, ce serait une catastrophe", glisse Lucie. Bertrand partage cette inquiétude : "Il y a beaucoup de grands économistes qui ont démontré que le programme économique du FN était une impasse. Je ne suis pas totalement convaincu que le protectionnisme à tout-va soit la solution." Pour Laurence, sortir de l’euro, "c’est débile. Il ne faut pas revenir sur les acquis. Recréer du franc, ça va coûter une fortune. C’est comme le mariage pour tous, on n’enlève pas des droits." Alban admet :
La seule critique qui tient encore, c’est l’économie. Quand on réfléchit, on se dit si ça se trouve, ils ont raison. On ne s’y connaît pas assez pour savoir."
Et puis, une autre crainte sourde imprègne l’assistance. Marine Le Pen élue présidente, n’est-ce pas la garantie de davantage de troubles ? Le chaos dans le pays. Peut-être la guerre civile. "Il y aura encore plus d’attentats", prophétise Eric. Yves voit sa championne "empêtrée dans des problèmes de grève générale, de sabotage, de manifs dans les rues. Le pays sera paralysé. Le problème, c’est les syndicats, les partis politiques, les fonctionnaires…" Pour Fabrice :
Les banlieues vont exploser et Marine ne pourra pas tenir".
"Surtout si les policiers et l’armée ne la suivent pas", s’inquiète Alban. "Au contraire, le rassure Laurence, les policiers, ils en ont marre. Ce seront les premiers à suivre !" "Tu es en train de dire que si elle arrivait au pouvoir, il y aurait une guerre civile en France, dit Bertrand d’un ton posé. C’est vrai. Alors, pour éviter d’en arriver là, il faut que Marine Le Pen se désolidarise encore plus des thèmes classiques de l’extrême droite : immigration et sécurité. Qu’elle développe plus l’économie, la diplomatie. Elle doit purger les anciens membres du GUD, les anciens de l’OAS, et faire du FN un vrai parti républicain aux thèmes forts." Une série de hochements de tête parcourt la table. Bertrand ajoute :
Si Marine Le Pen reste dans le parti de papa, antisémite, xénophobe, elle n’a aucune chance !"
Pause. La voix de son voisin, Alban, s’élève dans le silence : "Mais alors, c’est quoi la différence avec les autres ?" Yves finit par lancer :
Et puis, qu’est-ce qu’on risque à essayer ? Marine Le Pen ne va pas prendre l’armée et boucler une dictature. Si ça fonctionne pas, on manifestera et elle sera obligée de démissionner."
Il est 13h30. La psychothérapie de groupe s’achève. Les fans de "Marine" partagent quelques sandwichs et boissons avant de se quitter. Un seul, Bertrand, se tient un peu à l’écart. Au moment de s’éclipser, il confie discrètement : "Ce que j’ai entendu m’affole. C’est la vieille extrême droite raciste qui n’a pas changé. Je veux une droite forte mais républicaine. Je vais voter Dupont-Aignan, pas FN."
Les 11 autres sont soulagés. Contents d’avoir pu parler, échanger et communier en "marinisme". Entre eux. Un à un, ils repartent chez eux, la colère en tête et la peur au ventre, toujours. En attendant "Marine".
Renaud Dély et Maël Thierry

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